Le Sans Plomb ou le bug de l'an 2000 (1/3) article Copyright © G.Guiot

A la demande de certains TRistes, vous trouverez ci après trois articles que j'avais rédigé à l'époque des décisions du sans plomb.
- Page 1/3 : Le TRiste An 2000 (paru dans l'Esprit TR n° 7 de juin 1998) : le problème, la situation en 98, les solutions possibles, ce qu'en pensent les ELF et les Anglais.
- Page 2/3 : Le Bug de l'AN 2000 (paru dans l'Esprit TR n° 9 de Juin 1999) : les tests effectués, les résultats de différents produits, les polémiques et (oh, hazardeux pour l'époque) mes analyses!
- Page 3/3 : Le Sans Plomb (paru dans l'Esprit TR n° 10 de janvier 2000) : la suppression de l'essence plombée, les aspects techniques, la commercialisation du carburant, et les réponses pratiques pour l'utilisation du carburant de remplacement.
- Page xxx : à vous de faire le bilan aujourd'hui ... j'attends vos commentaires et expériences. La mienne, c'est que j'ai choisi dès 1998 la solution de l'adaptaion de ma culasse (voir article), que je roule depuis au sans plomb et que tout va bien, merci!

G.G

Page 1/3 : Le Triste AN 2000 :
Plus que quelques centaines de jours et ce sera le fatidique 31 décembre 1999 et le basculement dans l'inconnu .... l'An 2000.
Votre ascenseur se bloquera-t-il ? Votre magnétoscope enregistra-t-il le film qui passait le 1er janvier 1900 sur TF0 ? Que d'angoisses ! Et nos chères TRs passeront-elles sans encombre ce cap fatidique ? Au moins, nous sommes déjà sûrs de pas avoir d'ennuis avec l'ordinateur de bord ; mais qu'en sera-t-il de l'essence ?
Quel est le problème ?
Nos TRs fonctionnent avec l'essence plombée et il n'y a pas de problème. Le plomb tétraéthyle ou parfois le tétraméthyle contenu dans l'essence, lors de la combustion se transforme en sels qui en se déposant sur les soupapes et la culasse servent d'amortisseur et protègent les sièges de soupapes.
Note ; : il faut savoir que le plomb est apparu dans l'essence dans les années 20 pour améliorer le taux d'octane, de ce fait les voitures d'avant 1920 ne sont pas concernées par ce problème. Sans le plomb, les soupapes défonceraient progressivement les sièges et s'enfonceraient dans la culasse ; problème connu sous le nom de ''RECESSION DES SIEGES DE SOUPAPES''. Cette récession est d'autant plus forte que les pièces mécaniques sont chaudes. Ceci explique que les soupapes d'échappement soient les principales concernées et que la récession est plus importante quand le chauffard roule vite ou en pleine charge.
Quelle est la situation ?
Le super plombé est sur une voie de garage bien qu'il représente encore aujourd'hui 30% des ventes. Mais le nombre de voitures qui ne peuvent s'en passer va en diminuant.
Il n'est déjà plus vendu en Suisse, en Allemagne et dans plusieurs pays nordiques. Sa disparition totale sur notre territoire est annoncée pour l'an 2000, mais rien n'est encore défini.
En Angleterre, sa disparition étant aussi prévue pour l'an 2000, les associations ont demandées à leurs adhérents d'adresser un courrier à leurs députés réclamant une prolongation de 5 ans de manière à pouvoir mettre réellement au point les additifs. Devrions nous en faire de même en France ?
On peut cependant penser qu'il existera à terme, dans des stations, des pompes délivrant du sans plomb pré-additivé, un peu comme celles distribuant du mélange 2-temps pour mobylettes ou bateaux. Alors, à vous de les trouver !
L'Espagne aurait déjà obtenu cette prolongation. Il en serait peut être de même pour la Grèce et l'Italie en raison d'un parc automobile plus ancien que le reste de l'Europe.

Quelles sont les solutions ?
A ce jour, sont identifiées 3 solutions :
- l'additif,
-le catalyseur Broquet et
-l'adaptation de la culasse.
Les additifs :
Il semble bien, au moment où je rédige ce papier, que les additifs ne soient pas encore la solution miracle. Même si elle fut mal préparée, il faut admettre que l'expérience d'ELF avec son produit Millésim, à Monthlèry fut un fiasco. ELF et la FFVE ont décidé de poursuivre l'investigation en cours en effectuant :
- organisé par la FFVE, la réalisation d'essais flotte ''privés'' sur des véhicules dont l'état aura été préalablement contrôlé ;
- organisé par ELF, en relation avec la FFVE , des essais d'endurance dans des conditions sévères.

Bien sûr, si le jeu en vaut vraiment la chandelle, on peut faire confiance aux pétroliers et leurs chimistes pour résoudre le problème, mais cela représentera-t-il un véritable marché ? J'en doute, car à raison de 1, 2 voire 3 bidons par an et par voiture ancienne, cela fera peu, de 100.000 à 300.000 bidons par an pour la France.
Toujours est il qu'ELF, avec le support de certaines presses françaises (voir LVA n0 843 et Rétroviseur de Mai 98), se dit prêt et en donne pour preuve une expérience de 60 heures (20h sans Millésim, , suivies de 20 h avec Millésim, suivies de 20h sans Millésim) à 4.500 t/mn au banc sur un moteur d'Opel Kadett 1200 S. ELF constate que la récession des sièges de soupapes cesse quand Millésim est utilisé et reprend, avec un léger retard (effet mémoire) quand Millésim n'est plus utilisé. Personnellement cela me semble un peu juste comme test. Je préférerai un test officiel fait par un organisme indépendant et dans des conditions correctes.

Qu'en pensent par exemple nos voisins d'outre manche ?
Certains sont optimistes, d'autres un peu moins.
Le vénérable FBHVC (Federation of British Historic Vehicle Clubs) vient de créer un comité et de nommer un scientifique industriel spécialisé dans les carburants pour tester l'efficacité des additifs. Cet expert se déclare confiant dans la capacité des pétroliers à mettre au point des produits additifs avant le 1er janvier 1999. Des séries de tests seront effectués sur des moteurs BMC série A dont la réputation des sièges de soupapes tendres n'est plus à faire. Les résultats seront publiés avant l'an 2000 (Dieu merci ou Thanks God !)
Cet expert confirme que si l'on tire sur un moteur de BMC série A pendant 800 km avec du sans plomb, alors bonjour les dégâts. Ce même expert conclut que de toutes les façons, la meilleur solution à long terme c'est la modification des culasses quand cela est possible.
Un constructeur, ROVER, émet certaines recommandations mais conclut qu'étant donné la situation d'actuelle l'adaptation de la culasse est la seule solution viable à long terme. En effet Rover a réalisé un test sur une Metro avec l'additif Lubrizol's Powershield. Après 1.500 miles à haute vitesse sur anneau, le test a été abandonné car la récession des sièges était évidente.
Shell UK déclarerait qu'à ce jour aucun additif ne peut être aussi efficace que le plomb à 0,05g/litre.

Les catalyseurs :
Certains produits ''catalyseur'' tels que Broquet, Carbonflo ou Fuelstar sont supposés répondre au problème au même titre que les additifs. Le catalyseur Broquet est un boîtier qui contient des éléments ... inconnus. Ce boîtier se monte en ligne sur le circuit d'alimentation (il y aurait également une version immergée dans le réservoir) et l'essence en le traversant passe sur les éléments et se charge de substance qui aurait pour effet de :
n faire diminuer la consommation d'essence,
n faire diminuer la pollution et
n permettre de rouler au sans plomb.
Le produit miracle est commercialisé en France par EDT et par FC2 Production.
Mais apparemment, personne ne peut vraiment expliquer comment cela marche ?
En France certains utilisateurs se disent satisfaits.
En Angleterre, La position de l'AA (il en est de même pour la NZAA de Nouvelle Zélande) est claire, elle se refuse catégoriquement à considérer le catalyseur comme une solution éventuelle, et ce, tant que des tests industriels appropriés et officiels n'auront pas été faits.
Par contre le MG Owners Club anglais, pour faire suite aux publicités répétées de Broquet et aux lettres de plusieurs de ses membres qui se déclarent satisfaits, a décidé de faire une expérience en grandeur réelle avec 3 MGB toutes équipées de sièges de soupapes ''en acier tendre''. La première roulera au super plombée, la deuxième au sans plomb seul et la troisième au sans plomb mais avec le système Broquet. Ces MGBs seront conduites par des pilotes professionnels lors de tests officiels sur piste. ... Attendons les résultats.
Pour sa part le magazine ''Practical Classics'' a fait un test de 5.000 miles au sans plomb avec une Austin 1800. Après démontage de la culasse, il s'est avérer que les sièges de soupapes s'étaient sévèrement creusés. Tout comme l'AA, ''Practical Classics'' rejette la publicité faire pour le catalyseur Broquet.
Un dernier témoignage : celui de l'université de Melbourne en Nouvelle Zélande qui a également constaté l'échec des tests effectués avec le catalyseur Fuelstar.

L'adaptation de la culasse :
Alors que faire ? Etre optimiste, du genre ''qui vivra, verra'', ou anticiper et adapter sa voiture au sans plomb ? (voir la rubrique "culasse sans plomb".
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